vendredi 20 mars 2020

Long Weekend ( 1978) de Colin Eggleston


Un jeune couple de citadins australiens décident de partir en week-end dans un coin perdu au bord de la mer. Leur relation est au plus mal et ils espèrent que cette escapade de camping sauvage et de communion avec la nature va remettre leur couple sur de bons rails. Hélas, sur le lieu où ils décident de s'installer, les choses prennent une drôle de tournure pour eux. La nature n'est pas très accueillante...
Ça n'a l'air de rien comme ça mais une bonne petite intro musicale contribue beaucoup à mettre le spectateur dans de bonnes dispositions, vis à vis d'un film qu'il est sur le point de découvrir. Félicitations donc au compositeur de Long Weekend, un certain Michael Carlos, qui nous gratifie, dès le générique, d'un très joli thème musical. Et pendant ce même générique, le spectateur attentif apprend avec grand plaisir que le scénariste du film n'est autre que Everett de Roche. À partir de là, on est déjà diablement rassuré et partant. C'est que le bonhomme en question a écrit les scénarios de quelques uns des meilleurs films de la Ozploitation ( terme désignant le cinéma de genre australien à petit budget. Essentiellement des films d'horreur et d'action quoi) tels que Harlequin ( 1980), Razorback ( 1984) de Russell Mulcahy, Patrick (1978) et Déviation Mortelle ( 1981) de Richard Franklin. Bref, c'est un bon, le Everett. Un mec qui a des choses à dire dans ses histoires.

 
Côté réalisation, nous retrouvons derrière la caméra un certain Colin Eggleston. Certes le monsieur n'est pas très connu ( il a surtout fait des téléfilms et de la série TV) mais ici, avec un bon scénario en main, il fait très bien le job. D'ailleurs Long Weekend est probablement son film le plus connu et le meilleur. Ce qui lui valut d'être primé au festival d'Avoriaz en 1979, aux côtés de L' Invasion des Profanateurs de Sépultures, de Philip Kaufman. Tout de même !

Donc, penchons-nous sur ce que raconte Long Weekend.
Peter et Marcia sont donc un couple en crise. Lui ( interprété par un John Hargreaves beau et antipathique comme il se doit) est un homme infidèle et difficile à cerner. On le voit quitter sa maîtresse et, lorsqu'il rentre chez lui, tester le viseur de son fusil de chasse sur...sa femme, Marcia ( incarnée par Bryoni Behets, jolie et nunuche comme il se doit). Ce Peter est un chasseur. C'est pas cool. Et pourtant, lorsque en cours de route il écrase un kangourou, on sent que cela lui pèse sur la conscience. Même s'il ne veut pas trop le montrer.

 
Ainsi donc ces deux là veulent être dans la nature. Mais immédiatement, ils ont l'air d'intrus. À peine arrivés, ils salissent tout, détruisent tout. Tu le sens là, le message écologico-misanthrope du film ? Cette zone sauvage d'Australie où ils établissent leur camp a des allures flippantes, de par son côté labyrinthique et inexploré. Les cris d'animaux qui résonnent dans la nuit noire ressemblent à des hurlements fantomatiques, à des grognements de monstres. Marcia, ouvertement inadaptée au milieu naturel, ne cache pas ses envies de faire demi-tour. Mais Peter insiste. Il aime ça, être ici. Même s'il ne respecte absolument pas la nature. Et c'est là qu'on se dit : «  ah, non, en fait, pas de doute : c'est bien un salaud ! ».
Par de longs passages très immersifs, le film nous plonge dans l'angoisse puis la terreur. Toute cette vie qui fourmille autour d'eux, tout cela terrifie les deux personnages. Ils découvriront à leurs dépens que la nature est un lieu bien inhospitalier pour l'homme moderne. Lieu de perdition, lieu de cauchemar, d'un glauque qui flirte avec le surnaturel.

 
Tout ce qui va tourmenter les deux personnages est constitué à la fois d'éléments qui ont l'air d'être des tours joués à leur imagination ( quoi de plus efficace pour faire peur?) et de choses réellement tangibles et explicables ( donc particulièrement malaisantes).
Par petites touches, savamment dosées, le comportement des animaux aux alentours laisse perplexe et inquiète. L'ombre des Oiseaux de Hitchcock plane tout près.
Quelque chose provenant de la nature, un cri de souffrance, fait écho à celle des personnages. Ici point de gentils contre les méchants. Juste deux spécimens d'une espèce déracinée ( et donc médiocre) qui se font clairement rejetés par le milieu naturel. Parce qu'ils font tâche. Et tout le drame, tout le mal, ici présents est bien l'œuvre d'une main humaine. Encore et toujours.
La misanthropie du film éclate au moment de vérité du film. Peter et Marcia se lancent des « je t'aime » mais quand la situation dégénère véritablement, quand la panique arrive au galop, alors c'est sauve qui peut. Que sont-ils donc venus faire ici, ces deux là ? À part laisser une traînée de peurs, d'ordures et de choses mortes ? Long Weekend est plus qu'un film d'attaque animale, plus qu'un survival. C'est une œuvre troublante, belle, flippante. Avec un message.


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