Un jeune couple de
citadins australiens décident de partir en week-end dans un coin
perdu au bord de la mer. Leur relation est au plus mal et ils
espèrent que cette escapade de camping sauvage et de communion avec
la nature va remettre leur couple sur de bons rails. Hélas, sur le
lieu où ils décident de s'installer, les choses prennent une drôle
de tournure pour eux. La nature n'est pas très accueillante...
Ça n'a l'air de rien comme ça
mais une bonne petite intro musicale contribue beaucoup à mettre le
spectateur dans de bonnes dispositions, vis à vis d'un film qu'il est
sur le point de découvrir. Félicitations donc au compositeur de
Long Weekend, un certain Michael Carlos, qui nous gratifie, dès le
générique, d'un très joli thème musical. Et pendant ce même
générique, le spectateur attentif apprend avec grand plaisir que le
scénariste du film n'est autre que Everett de Roche. À partir de
là, on est déjà diablement rassuré et partant. C'est que le
bonhomme en question a écrit les scénarios de quelques uns des
meilleurs films de la Ozploitation ( terme désignant le cinéma de
genre australien à petit budget. Essentiellement des films d'horreur
et d'action quoi) tels que Harlequin ( 1980), Razorback ( 1984) de
Russell Mulcahy, Patrick (1978) et Déviation Mortelle ( 1981) de
Richard Franklin. Bref, c'est un bon, le Everett. Un mec qui a des
choses à dire dans ses histoires.
Côté réalisation, nous
retrouvons derrière la caméra un certain Colin Eggleston. Certes le
monsieur n'est pas très connu ( il a surtout fait des téléfilms et
de la série TV) mais ici, avec un bon scénario en main, il fait
très bien le job. D'ailleurs Long Weekend est probablement son film
le plus connu et le meilleur. Ce qui lui valut d'être primé au
festival d'Avoriaz en 1979, aux côtés de L' Invasion des
Profanateurs de Sépultures, de Philip Kaufman. Tout de même !
Donc, penchons-nous sur ce que
raconte Long Weekend.
Peter et Marcia sont donc un
couple en crise. Lui ( interprété par un John Hargreaves beau et
antipathique comme il se doit) est un homme infidèle et difficile à
cerner. On le voit quitter sa maîtresse et, lorsqu'il rentre chez
lui, tester le viseur de son fusil de chasse sur...sa femme, Marcia (
incarnée par Bryoni Behets, jolie et nunuche comme il se doit). Ce
Peter est un chasseur. C'est pas cool. Et pourtant, lorsque en cours
de route il écrase un kangourou, on sent que cela lui pèse sur la
conscience. Même s'il ne veut pas trop le montrer.
Ainsi donc ces deux là veulent
être dans la nature. Mais immédiatement, ils ont l'air d'intrus. À
peine arrivés, ils salissent tout, détruisent tout. Tu le sens là,
le message écologico-misanthrope du film ? Cette zone sauvage
d'Australie où ils établissent leur camp a des allures flippantes,
de par son côté labyrinthique et inexploré. Les cris d'animaux qui
résonnent dans la nuit noire ressemblent à des hurlements
fantomatiques, à des grognements de monstres. Marcia, ouvertement
inadaptée au milieu naturel, ne cache pas ses envies de faire
demi-tour. Mais Peter insiste. Il aime ça, être ici. Même s'il ne
respecte absolument pas la nature. Et c'est là qu'on se dit :
« ah, non, en fait, pas de doute : c'est bien un
salaud ! ».
Par de longs passages très
immersifs, le film nous plonge dans l'angoisse puis la terreur. Toute
cette vie qui fourmille autour d'eux, tout cela terrifie les deux
personnages. Ils découvriront à leurs dépens que la nature est un
lieu bien inhospitalier pour l'homme moderne. Lieu de perdition, lieu
de cauchemar, d'un glauque qui flirte avec le surnaturel.
Tout ce qui va tourmenter les
deux personnages est constitué à la fois d'éléments qui ont l'air
d'être des tours joués à leur imagination ( quoi de plus efficace
pour faire peur?) et de choses réellement tangibles et explicables (
donc particulièrement malaisantes).
Par petites touches, savamment
dosées, le comportement des animaux aux alentours laisse perplexe et
inquiète. L'ombre des Oiseaux de Hitchcock plane tout près.
Quelque chose provenant de la
nature, un cri de souffrance, fait écho à celle des personnages.
Ici point de gentils contre les méchants. Juste deux spécimens
d'une espèce déracinée ( et donc médiocre) qui se font clairement
rejetés par le milieu naturel. Parce qu'ils font tâche. Et tout le
drame, tout le mal, ici présents est bien l'œuvre d'une main
humaine. Encore et toujours.
La misanthropie du film éclate
au moment de vérité du film. Peter et Marcia se lancent des « je
t'aime » mais quand la situation dégénère véritablement,
quand la panique arrive au galop, alors c'est sauve qui peut. Que
sont-ils donc venus faire ici, ces deux là ? À part laisser
une traînée de peurs, d'ordures et de choses mortes ? Long
Weekend est plus qu'un film d'attaque animale, plus qu'un survival.
C'est une œuvre troublante, belle, flippante. Avec un message.
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