dimanche 29 mars 2020

Queen of Blood (1966) de Curtis Harrington

En l'an de grâce 1990, les hommes voyagent sans trop de problème dans l'espace (mwouhaha). C'est alors que des extraterrestres entrent en contact, via radio transmission, avec la Terre. Le message est clair : ils arrivent. Mais alors que ces derniers sont en route pour enfin rendre visite aux humains, leur vaisseau se crashe sur Mars. Aussitôt sur Terre on s'organise pour leur porter secours. L'équipe de sauvetage, une fois sur place, ne découvre qu'une seule survivante : une alien ( certes à l'apparence humaine) mais à la peau verte. Et ils vont s'empresser de l'embarquer à bord de leur vaisseau...

Bien que non crédité au générique, le producteur et roi du bis Roger Corman participe activement au projet Queen of Blood. C'est lui qui engage Curtis Harrington comme réalisateur, après avoir été impressionné par le travail de ce dernier sur le magnifique Night Tide. N'arrivant pas à financer des projets plus personnels, Harrington accepte la proposition de Corman qui consiste à tourner ( quasiment en même temps!) deux films ayant pour tête d'affiche la star anglaise Basil Rathbone : Queen of blood et Voyage to the prehistoric planet.

 
Avec un budget riquiqui ( à la Corman quoi) mais un grand sens de la débrouille, Harrington va réutiliser les scènes « à effets spéciaux » ( des scènes de navigation spatiale quoi) de deux films de SF russes. Pour le reste, des décors minimalistes feront bien l'affaire.
Décors en carton pâte, accessoires en plastoc, FX cheapos, maquettes en guise de vaisseaux, Queen of Blood est l'archétype même du film de SF pop ( fans hardcore de hard sf, fuyez!) ambiance 60's. Et ça a un indéniable charme. Surtout que la musique est au diapason (ho ho) avec des passages au thérémine ! Et cette affiche, mon dieu, cette affiche ! Corman savait vendre du rêve !

 
Il faut également souligner que Queen of Blood bénéficie d'un casting qui a de la gueule. En tête d'affiche, nous retrouvons donc Basil Rathbone ( pour les plus jeunes, signalons que Rathbone était une grande star du cinéma britannique dans les années 30 et 40) c'est à dire Mister Sherlock Holmes ( qu'il incarna 14 fois à l'écran!). Pas mal du tout, même si la carrière de Basil Rathbone était en phase descendante en 1966 ( d'ailleurs il est décédé un an après.). Nul doute que Corman a dû finement négocier le cachet de la star en déclin. En tout cas l'acteur anglais semble ici un minimum prendre son rôle au sérieux ( même si apparemment il lui arrivait d'oublier son texte!). Il incarne parfaitement un scientifique enthousiaste, chef de mission qui va de l'avant. De manière général, tous les acteurs ont l'air d'y croire. Le ton du film est très premier degré. Et c'est magnifique !
Outre Basil Rathbone, nous retrouvons John Saxon, dans le rôle du héros astronaute américain, beau et intrépide. Un sacré baroudeur qui tourna des films par palettes. Citons par exemple Opération Dragon ( avec Bruce Lee), Black Christmas ( de Bob Clark) et bien entendu Nightmare on Elm Street où il joue le rôle du père de Nancy. Bref, cet homme là a tout fait dans le domaine de la série B et de la série TV : du cinéma bis italien, de l'horreur, des films de kung-fu etc..etc...Une légende quoi !

 
Un autre acteur perçait petit à petit à cette époque : Dennis Hopper. Dans un registre plus rêveur, plus fragile, que celui de John Saxon. L'acteur s'était justement illustré dans Night Tide, et Curtis Harrington a visiblement eu envie de retravailler avec lui. Pour finir, n'oublions pas de citer l'actrice Florence Marly ( qui incarne la reine Alien, et qui, comme son nom ne l'indique pas du tout est d'origine tchèque). Corman la trouvait trop vieille et voulait donc une actrice plus jeune ( une bimbo quoi!) mais Curtis Harrington a insisté pour qu'elle aie le rôle. Et il a eu mille fois raison. Avec l'aide d'un maquillage tout simple, Marly réussit vraiment à être troublante. Son regard, son expression, sa gestuelle, laissent vraiment transparaître le sentiment de convoitise gourmande qu'elle éprouve à la vue des humains. On comprend tout de suite sa dangerosité tout en ne niant pas le pouvoir de fascination du personnage.
  
La patte Corman est aussi évidente en terme de rythme et de durée du film. Ça va droit au but, ça va vite. On est pas là pour jouer les contemplatifs ! Le film, conscient de ses limites, a la sagesse de ne pas trop durer ( 1h18, mes aïeux!). Usant de bonnes grosses ellipses pour masquer ses limites budgétaires, Queen of Blood se révèle un bon petit film de horreur/sf bourré de charme et divertissant. D'ailleurs ce côté horreur/sf fera dire à Curtis Harrington que Ridley Scott se serait bien inspiré de Queen of Blood pour réaliser Alien. D'un autre côté, on peut dire que le personnage que joue Florence Marly, avec son côté vampire végétal et son mode de reproduction, est peut être inspiré de L'Invasion des Profanateurs de Sépultures. J'y ai vu un lien. Mais c'est moi, hein ! En tout cas Curtis Harrington fait partie de ces réalisateurs dont on ne parle pas forcément beaucoup mais qui franchement avait un style, un univers, très intéressants. Parmi ses films, outre Queen of Blood bien sûr, il faut voir Night Tide, Games ( avec Simone Signoret!) et Killing Kind notamment. Bref, un drôle de cas de réalisateur. Mais un bon ! 

 


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