mercredi 21 février 2018

Alone ( 2007) de Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom

De temps en temps, j'aime bien parler de films un peu plus récents. Outre le fait que le film d'aujourd'hui soit le bébé de deux réalisateurs ( c'est pas original ça, hein ! ça t'en bouche un coin, mon lecteur !) il a la particularité également de venir d'un pays peu connu pour son cinéma de genre : la Thaïlande. 

Alors, pour être franc, j'ai mis pas mal de temps à rentrer dans le film, malgré son côté exotique. Environ 50 minutes de péloche se passent avant que le film ne démarre réellement. Je sais c'est beaucoup mais ça en vaut la peine. Avec un peu de recul, on se rend compte que la structure même du récit avait besoin de cette mise en place, mais c'est quand même un peu laborieux. Pas catastrophique ( sinon j'aurais décroché) mais molasson quoi.

Le premier défaut d' Alone est son côté trop propret, visuellement parlant. On sent que les deux gars (non pitié, ne m'obligez pas à répéter leurs noms ! piiiitiiiéééé!!!) ont voulu faire de la belle image ( et c'est réussi, indéniablement) mais là c'est trop lisse, trop aseptisé. Ensuite il y a ces jump scares qu'on voit arriver beaucoup trop tôt. Tout ça fait qu' Alone présente un côte trop safe à mon goût. Ce qui est frustrant voire énervant pour un film d'horreur. Et puis il y a cette musique chargée d'un peu trop de mélodramatisme, un peu à l'image des productions fantastiques espagnoles du bas du panier. Quant aux personnages je les trouve un peu plats, trop lisses et un poil gnangnan. Bref, ça ronronne un peu !

Et puis arrive le twist ! J'ai été voir après coup sur Internet des commentaires sur le film et il semblerait que certains spectateurs aient vu le coup venir ; et bien bravo à eux ! Car, personnellement, je fais partie de ceux qui ont été très agréablement surpris par ce twist qui rend le film autrement plus intéressant dans tous les domaines. Difficile de déterminer si le twist a fonctionné sur moi parce que j'étais jusque là moyennement concentré et intéressé par le film, ou bien parce que la chose a été habilement mené. Peut être un peu des deux. Peut être aussi que je suis bonne poire et pas très observateur !

Alors qu'est-ce que ça raconte au juste ? C'est l'histoire d'une jeune thaïlandaise (Phim) qui vit en Corée avec son copain ( lui aussi thaïlandais). Elle reçoit un coup de fil l'informant que sa mère  ( restée au pays) a eut une attaque cérébrale. Le couple part aussitôt pour se rendre à son chevet. Très vite, on nous dit que Phim a eu une soeur siamoise ( prénommée Ploy) morte suite à l'opération visant à les séparer. Une fois revenue dans la maison de famille, Phim va rapidement voir apparaître le fantôme de sa soeur ( les fameux jump scares foireux dont je parlais).
 
 Sauvé donc par son twist et sa deuxième partie plus badass, Alone est finalement pas mal du tout. La première partie aurait pu être menée plus habilement, en y développant une atmosphère un peu plus vénéneuse, en n'ayant pas peur de rentrer dans le lard du spectateur d'office quoi. Bref si on avait insufflé plus de noirceur à l'image et si on avait doté d'entrée les personnages d'un aspect plus inquiétant et ambigü, alors cette fichue première partie aurait été meilleure et le film aurait été du coup plus efficace et homogène. Oh et puis il aurait aussi fallu se calmer un peu avec la jolie petite musique dégoulinante de romantisme nunuche. Avec tout ça ( ou sans ça plutôt) le film serait une bombe. Un p**ain de bon film ! C'est dommage car on sent que ces deux réalisateurs ont du potentiel, c'est évident. Quand ils lâchent les chevaux, ils envoient du lourd !

Voilà, malgré ses défauts, je vous conseille tout de même Alone. Ce film va vous dépayser !



 


 

 

mercredi 14 février 2018

The Stepford Wives ( 1975 ) de Bryan Forbes

Grandes maisons aux vastes pelouses, quartiers tranquilles, Stepford incarne assez bien l'idéal de l'american way of life. Les Eberhardt viennent s'y installer. C'est surtout le mari qui a insisté pour déménager ici. Joanna, la femme, passionnée de photographie, habituée au bruit et à l'effervescence de New-York, est moins enthousiaste. Tout de suite le calme stepfordien semble l'oppresser.

Rapidement son mari va lui parler de cette association dans laquelle il souhaite être admis ; ce « club » réunit tous les citoyens les plus éminents et influents de Stepford. Il s'agit de l'Association des maris. On comprend tout de suite qu'ici c'est le mâle qui domine. Joanna n'aime pas ça, forcément.

Lorsque tous les membres de l'Association se réunissent chez les Eberhardt pour discuter des sujets concernant la vie quotidienne du quartier, ceux-ci convient Joanna, avec une apparente courtoisie, à assister à leur petite réunion. Mais quand celle-ci prend la parole, personne ne répond, ni ne fait attention à ce qu'elle dit. Sers nous à boire, sois belle et tais-toi !

D'ailleurs, contrairement à Joanna et à deux de ses amies, les autres femmes, épouses parfaites et dociles, semblent parfaitement s'accommoder du style de vie de Stepford. Elles sont toujours souriantes et n'ont rien à dire, sauf si on les lance sur des sujets hyper passionnants tels que les courses, le ménage et la pâtisserie. Quand elles sortent, elles portent toutes de longues robes, et quand elles sont à la maison elles sont la plupart du temps en tablier. Bref ce sont toutes des fées du logis et elles aiment ça, on dirait !

Dans ces conditions le trio formé par Joanna, par sa meilleure copine Bobby ( c'est une femme oui) et une autre nana, ne se sent pas très à l'aise. Arrivées toutes trois il y a peu, ces trois femmes libérées tombent des nues en réalisant à quel point les femmes de Stepford sont soumises. Quand leur copine se transforme à son tour, très soudainement, en épouse modèle, Joanna et Bobby commencent tout naturellement à avoir des soupçons...



Le film repose essentiellement sur l'idée que le couple est avant tout le théâtre d'un permanent rapport de force homme/femme. L'homme incite fortement la femme à abdiquer de ses rêves, de ses envies et aussi de sa propre manière d'être, afin qu'elle se consacre entièrement à sa vie de famille. Grosso modo, afin qu'elle soit entièrement à son service quoi ! Pour cela il fait notamment appel au sens du sacrifice, en général développé chez la femme ; il la fait culpabiliser de vouloir s'épanouir et l'accuse de délaisser son foyer et ses enfants.

N'oublions pas de préciser que le film est l'adaptation d'un roman d'Ira Levin, romancier qui a pas mal inspiré le cinéma. Citons bien évidemment le Rosemary's Baby de Polanski, mais aussi les excellents Deathtrap de Sidney Lumet, avec Michael Caine et Christopher Reeves ( 1982 ) et The Boys from Brazil  de Franklin J. Schaffner, avec Gregory Peck et Lawrence Olivier (1978). Rien que ça ! 

D'après moi The Stepford's Wives présente un point en commun avec le chef d'oeuvre de Don Siegel, Invasion of The Body Snatchers ( 1956). Dans sa façon de nous angoisser relativement au fait que ces femmes semblent avoir été privées de leur personnalité, de leur âme, pour être remplacées par une version d'elles-mêmes totalement soumise aux hommes.

Leur vraie personnalité semble avoir disparue, ce qui veut dire que leur vrai moi est mort. Tout comme dans Invasion of the Body Snatchers où les gens se font remplacer par des clones extraterrestres, totalement dépourvus d'émotions.

Quand sa copine Bobby change brutalement elle aussi et se met compulsivement à chasser la poussière chez elle, Joanna se retrouve seule, prise au piège. Et on a peur pour elle. Elle sait qu'elle va devoir se battre pour survivre réellement, c'est à dire rester elle-même.

 
Adoptant un rythme très calme ( aussi calmes que les rues et les femmes de Stepford, en somme) le film ne prend des allures de film d'horreur que dans ces toutes dernières minutes. La scène ( très simple mais qui file le vertige ) où Joanna réalise ce qui est arrivé à Bobby provoque enfin un sentiment d'horreur concret. Exit l'angoisse indicible et insidieuse qui nous titillait les nerfs depuis le début. L'effet horrifique n'en est que plus fort. Alors le mystère sera levé, le temps pour Joanna, et nous avec elle, d'éprouver une pure terreur. Puis, très vite, l'écrasante tranquillité habituelle viendra à nouveau recouvrir la ville, comme une loi d'airain. Une fois que vous connaîtrez l'envers du décor de cette ville, je suis sûr que ce cauchemar paisible vous filera la chair de poule !





mardi 6 février 2018

Messiah of Evil ( 1973 ) de Willard Huyk

Mes chers compatriotes cinéphiles, il était grand temps - n'est-ce pas? - de revenir à notre bon vieux cinéma d'horreur, après une petite escapade  de deux Chroniques dédiées à des films à peu près récents. Revenons donc avec délice dans les années 70 ! ça rime en plus ! Que voulez-vous, je suis un grand poète !

Mais je préfère vous prévenir : Mesdames et Messieurs, si vous voulez en prendre plein les yeux, si vous exigez une réalisation virtuose pour apprécier un film, alors passez votre chemin ! Messiah of Evil n'est pas taillé pour vous. Car oui, admettons-le sans problème, le film n'est pas, visuellement parlant, une bombe. Notre Willard Huyck n'est pas un Mario Bava ou un Francis Ford Coppola.

Ici la beauté de l'image et l'originalité des cadrages, on s'en fout un peu. De même la profondeur des personnages n'est pas du tout une priorité. La force du film est dans son atmosphère poisseuse, délétère, anxiogène.

Messiah of Evil commence avec une jeune femme qui nous parle en direct de l'asile ( cool !) où, bien sûr, personne ne croit à ce qu'elle raconte. Alors elle va nous la raconter à nous, spectateurs, son histoire. Libre à nous de la croire ou pas !

Arletty ( oui c'est son prénom, j'invente rien) Trucmuche (bah oui, on nous dit à aucun moment son nom de famille alors je brode! ) décide d'aller rendre visite à son père, vieil homme reclus dans une maison en bord de mer où il s'adonne à l'art de la peinture. Le bled s'appelle Point Dune et c'est pas folichon comme endroit.

Arrivée à la maison, point de paternel ! Arletty retrouve le journal intime du vieil homme, en parcourt quelques pages, et il semblerait que son papa perd un peu les pédales. Mais ça c'était avant... de connaître un peu mieux Point Dune !

Partout où elle passe ( ou presque) , Arletty demande si quelqu'un n'a pas vu son pater. Mais personne ne semble savoir ce qui lui est arrivé. La police ne fait ici que de la figuration. Un trio de jeunes gens ( un gars, deux filles) vient frapper à la porte d'Arletty qui, au mépris de toute logique et de la plus élémentaire prudence, accepte de les héberger.

L'atelier du père est un décor oppressant ; le réalisateur le sait bien et il insiste là dessus. Dès le début on sent qu'il vaudrait mieux pour Arletty qu'elle parte mais elle insiste. La plage déserte a un air sinistre. L'incessant va-et-vient des vagues et ce vent qui souffle contre la maison, tout cela tape bien sur les nerfs : bien joué !

Quant à la ville de Point Dune, elle ressemble à une ville normale. En apparence. Car on ne peut s'empêcher de trouver cette ville étrange.

On pense à l'Invasion des Profanateurs de Sépultures ( de Don Siegel) et aussi un peu à Salem's Lot de Stephen King. Quand un des personnages marche dans les rues pas rassurantes de Point Dune et entre dans un supermarché, un autre film nous vient forcément à l'esprit : le Zombie de George Romero ( à tort ? à raison ? Mais regardes le film, ô spectateur !). Tout comme l'effet anxiogène procuré par ces espaces urbains trop déserts et trop tranquilles pour être honnêtes, nous font faire le lien avec le magnifique Carnival of Souls de Herk Harvey.
 
Sans jamais s'approcher de ces chefs d'oeuvre, Messiah of Evil n'en réserve pas moins de bons moments de flippe. Comme je l'ai dit au début c'est un film qui n'est pas visuellement époustouflant ( loin s'en faut, tant la réalisation est quelconque) mais qui fait le job en terme d'atmosphère angoissante. Si vous voulez du poisseux, du trouble, de l'inquiétant, vous êtes au bon endroit !







Bad Moon ( 1996) de Eric Red

Alors qu'il sont en pleine expédition au Népal, Ted Harrison et sa petite amie Marjorie, vont être sauvagement attaqués par un ...