Grandes maisons aux
vastes pelouses, quartiers tranquilles, Stepford incarne assez bien
l'idéal de l'american way of life. Les Eberhardt viennent s'y
installer. C'est surtout le mari qui a insisté pour déménager ici.
Joanna, la femme, passionnée de photographie, habituée au bruit et à
l'effervescence de New-York, est moins enthousiaste. Tout de suite le
calme stepfordien semble l'oppresser.
Rapidement son mari va
lui parler de cette association dans laquelle il souhaite être
admis ; ce « club » réunit tous les citoyens les
plus éminents et influents de Stepford. Il s'agit de l'Association
des maris. On comprend tout de suite qu'ici c'est le mâle qui
domine. Joanna n'aime pas ça, forcément.
Lorsque tous les membres
de l'Association se réunissent chez les Eberhardt pour discuter des
sujets concernant la vie quotidienne du quartier, ceux-ci convient
Joanna, avec une apparente courtoisie, à assister à leur petite
réunion. Mais quand celle-ci prend la parole, personne ne répond,
ni ne fait attention à ce qu'elle dit. Sers nous à boire, sois
belle et tais-toi !
D'ailleurs, contrairement
à Joanna et à deux de ses amies, les autres femmes, épouses parfaites et dociles, semblent
parfaitement s'accommoder du style de vie de Stepford. Elles sont
toujours souriantes et n'ont rien à dire, sauf si on les lance sur
des sujets hyper passionnants tels que les courses, le ménage et la
pâtisserie. Quand elles sortent, elles portent toutes de longues
robes, et quand elles sont à la maison elles sont la plupart du
temps en tablier. Bref ce sont toutes des fées du logis et elles
aiment ça, on dirait !
Dans ces conditions le
trio formé par Joanna, par sa meilleure copine Bobby ( c'est une
femme oui) et une autre nana, ne se
sent pas très à l'aise. Arrivées toutes trois il y a peu, ces
trois femmes libérées tombent des nues en réalisant à quel point
les femmes de Stepford sont soumises. Quand leur copine se transforme
à son tour, très soudainement, en épouse modèle, Joanna et Bobby commencent
tout naturellement à avoir des soupçons...
Le film repose
essentiellement sur l'idée que le couple est avant tout le théâtre
d'un permanent rapport de force homme/femme. L'homme incite fortement
la femme à abdiquer de ses rêves, de ses envies et aussi de sa
propre manière d'être, afin qu'elle se consacre entièrement à sa
vie de famille. Grosso modo, afin qu'elle soit entièrement à son
service quoi ! Pour cela il fait notamment appel au sens du
sacrifice, en général développé chez la femme ; il la
fait culpabiliser de vouloir s'épanouir et l'accuse de délaisser
son foyer et ses enfants.
N'oublions pas de préciser que le film est l'adaptation d'un roman d'Ira Levin, romancier qui a pas mal inspiré le cinéma. Citons bien évidemment le Rosemary's Baby de Polanski, mais aussi les excellents Deathtrap de Sidney Lumet, avec Michael Caine et Christopher Reeves ( 1982 ) et The Boys from Brazil de Franklin J. Schaffner, avec Gregory Peck et Lawrence Olivier (1978). Rien que ça !
D'après moi The
Stepford's Wives présente un point en commun avec le chef
d'oeuvre de Don Siegel, Invasion of The Body Snatchers ( 1956). Dans sa
façon de nous angoisser relativement au fait que ces femmes semblent
avoir été privées de leur personnalité, de leur âme, pour être
remplacées par une version d'elles-mêmes totalement soumise aux
hommes.
Leur vraie personnalité
semble avoir disparue, ce qui
veut dire que leur vrai moi est mort.
Tout comme dans Invasion of the Body Snatchers
où les gens se font remplacer par des clones extraterrestres, totalement
dépourvus d'émotions.
Quand sa copine Bobby change brutalement elle aussi et se met
compulsivement à chasser la poussière chez elle, Joanna se retrouve
seule, prise au piège. Et on a peur pour elle. Elle sait qu'elle
va devoir se battre pour survivre réellement, c'est à dire rester
elle-même.
Adoptant
un rythme très calme ( aussi calmes que les rues et les femmes de
Stepford, en somme) le film ne prend des allures de film d'horreur
que dans ces toutes dernières minutes. La scène ( très simple mais
qui file le vertige ) où Joanna réalise ce qui est arrivé à Bobby
provoque enfin un sentiment d'horreur concret. Exit l'angoisse
indicible et insidieuse qui nous titillait les nerfs depuis le début.
L'effet horrifique n'en est que plus fort. Alors le mystère sera
levé, le temps pour Joanna, et nous avec elle, d'éprouver une pure
terreur. Puis, très vite, l'écrasante tranquillité habituelle
viendra à nouveau recouvrir la ville, comme une loi d'airain. Une
fois que vous connaîtrez l'envers du décor de cette ville, je suis
sûr que ce cauchemar
paisible
vous filera la chair de poule !
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