mercredi 14 février 2018

The Stepford Wives ( 1975 ) de Bryan Forbes

Grandes maisons aux vastes pelouses, quartiers tranquilles, Stepford incarne assez bien l'idéal de l'american way of life. Les Eberhardt viennent s'y installer. C'est surtout le mari qui a insisté pour déménager ici. Joanna, la femme, passionnée de photographie, habituée au bruit et à l'effervescence de New-York, est moins enthousiaste. Tout de suite le calme stepfordien semble l'oppresser.

Rapidement son mari va lui parler de cette association dans laquelle il souhaite être admis ; ce « club » réunit tous les citoyens les plus éminents et influents de Stepford. Il s'agit de l'Association des maris. On comprend tout de suite qu'ici c'est le mâle qui domine. Joanna n'aime pas ça, forcément.

Lorsque tous les membres de l'Association se réunissent chez les Eberhardt pour discuter des sujets concernant la vie quotidienne du quartier, ceux-ci convient Joanna, avec une apparente courtoisie, à assister à leur petite réunion. Mais quand celle-ci prend la parole, personne ne répond, ni ne fait attention à ce qu'elle dit. Sers nous à boire, sois belle et tais-toi !

D'ailleurs, contrairement à Joanna et à deux de ses amies, les autres femmes, épouses parfaites et dociles, semblent parfaitement s'accommoder du style de vie de Stepford. Elles sont toujours souriantes et n'ont rien à dire, sauf si on les lance sur des sujets hyper passionnants tels que les courses, le ménage et la pâtisserie. Quand elles sortent, elles portent toutes de longues robes, et quand elles sont à la maison elles sont la plupart du temps en tablier. Bref ce sont toutes des fées du logis et elles aiment ça, on dirait !

Dans ces conditions le trio formé par Joanna, par sa meilleure copine Bobby ( c'est une femme oui) et une autre nana, ne se sent pas très à l'aise. Arrivées toutes trois il y a peu, ces trois femmes libérées tombent des nues en réalisant à quel point les femmes de Stepford sont soumises. Quand leur copine se transforme à son tour, très soudainement, en épouse modèle, Joanna et Bobby commencent tout naturellement à avoir des soupçons...



Le film repose essentiellement sur l'idée que le couple est avant tout le théâtre d'un permanent rapport de force homme/femme. L'homme incite fortement la femme à abdiquer de ses rêves, de ses envies et aussi de sa propre manière d'être, afin qu'elle se consacre entièrement à sa vie de famille. Grosso modo, afin qu'elle soit entièrement à son service quoi ! Pour cela il fait notamment appel au sens du sacrifice, en général développé chez la femme ; il la fait culpabiliser de vouloir s'épanouir et l'accuse de délaisser son foyer et ses enfants.

N'oublions pas de préciser que le film est l'adaptation d'un roman d'Ira Levin, romancier qui a pas mal inspiré le cinéma. Citons bien évidemment le Rosemary's Baby de Polanski, mais aussi les excellents Deathtrap de Sidney Lumet, avec Michael Caine et Christopher Reeves ( 1982 ) et The Boys from Brazil  de Franklin J. Schaffner, avec Gregory Peck et Lawrence Olivier (1978). Rien que ça ! 

D'après moi The Stepford's Wives présente un point en commun avec le chef d'oeuvre de Don Siegel, Invasion of The Body Snatchers ( 1956). Dans sa façon de nous angoisser relativement au fait que ces femmes semblent avoir été privées de leur personnalité, de leur âme, pour être remplacées par une version d'elles-mêmes totalement soumise aux hommes.

Leur vraie personnalité semble avoir disparue, ce qui veut dire que leur vrai moi est mort. Tout comme dans Invasion of the Body Snatchers où les gens se font remplacer par des clones extraterrestres, totalement dépourvus d'émotions.

Quand sa copine Bobby change brutalement elle aussi et se met compulsivement à chasser la poussière chez elle, Joanna se retrouve seule, prise au piège. Et on a peur pour elle. Elle sait qu'elle va devoir se battre pour survivre réellement, c'est à dire rester elle-même.

 
Adoptant un rythme très calme ( aussi calmes que les rues et les femmes de Stepford, en somme) le film ne prend des allures de film d'horreur que dans ces toutes dernières minutes. La scène ( très simple mais qui file le vertige ) où Joanna réalise ce qui est arrivé à Bobby provoque enfin un sentiment d'horreur concret. Exit l'angoisse indicible et insidieuse qui nous titillait les nerfs depuis le début. L'effet horrifique n'en est que plus fort. Alors le mystère sera levé, le temps pour Joanna, et nous avec elle, d'éprouver une pure terreur. Puis, très vite, l'écrasante tranquillité habituelle viendra à nouveau recouvrir la ville, comme une loi d'airain. Une fois que vous connaîtrez l'envers du décor de cette ville, je suis sûr que ce cauchemar paisible vous filera la chair de poule !





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