jeudi 12 mars 2020

Don't Go In The House ( 1979) de Joseph Ellison

Donald Kohler a subi, durant son enfance, bien des traumatismes. Sa mère, une sorte de fanatique religieuse, lui brûlait les avant-bras avec la flamme de la gazinière pour le punir de son « impureté ». Quant à son père, il est juste « parti » on ne sait où. Et même si maintenant Donald ( ou Donny pour les intimes) est un adulte, on sent tout de même qu'il a toujours un gros problème avec le feu. ( Malgré cela il travaille quand même à l'incinération des ordures !). Un jour, Donnie assiste, médusé et fasciné, à un terrible accident au cours duquel un de ses collègues de boulot est transformé en torche humaine. Pour couronner le tout, il rentre chez lui et découvre sa mère morte. Donny perd immédiatement le peu de raison qu'il lui restait. Il se met à entendre des voix qui lui murmurent avec insistance de se venger des femmes... par les flammes.
Le premier plan qui nous fait découvrir la maison des Kohler en dit long : un plan incliné pour nous montrer qu'ici tout va de travers. Les escaliers ont l'air énormes et c'est tout le premier étage qui semble écraser le pauvre Donny sous son poids. Normal la chambre de la mère est en haut. Ce pauvre Donny est un gamin apeuré, coincé dans un corps d'homme. C'est un fils dévoué, pour ne pas dire servile. Et pourtant cette mère est une peau de vache tyrannique. Une folle. Elle le rabaisse constamment, l'humilie et surtout le maltraite. De ce fait, très vite, le normanbatisme du personnage de Donny saute aux yeux.


Au cours d'une scène qui est une totale repompe du Psychose de Hitchcock ( la mère assise dans son fauteuil, en tournant le dos à la caméra. On a déjà vu ça quelque part, hein) Donny pète donc une durite en réalisant que sa mère n'est plus. Il est terriblement effrayé par ce brutal accès à la liberté. Heureusement il n'est pas complètement seul. Il y a des voix qui lui parlent, qui le rassurent et qui lui disent quoi faire.

Donny se lance donc dans sa quête de vengeance. Une à une, il attire des jeunes femmes dans la grande maison familiale ( demeure qui a plutôt de la gueule mais dont certaines parties sont clairement délabrées, comme l'esprit du bonhomme) qui elle aussi fait beaucoup penser à la maison de la mère Bates. Tout comme la mère Kohler faisait probablement payer à son fils les fautes commises par son mari, Donny va se venger de sa mère en s'attaquant à d'autres femmes. Le fait que ces dernières ne s'intéressent que très peu à lui n'arrange rien à la situation non plus ( mais bon, il faut dire que le garçon est bien terne aussi).

L'omniprésence du feu dans la vie ( l'incinérateur, le lance-flammes, les allumettes, les bougies...) et dans les cauchemars de Donny est l'essence même de sa malédiction. Donny a vécu toute sa vie dans le dégoût de soi, dans la culpabilité et dans la douleur. C'est à la base une victime innocente, ce gamin. Il va essayer de revenir dans le droit chemin. Mais la colère, le sentiment d'être rejeté et trahi, tout cela va le transformer en monstre.

Il est intéressant de voir que la partie finale du film fait penser clairement à Maniac. Or, ce dernier est sorti un an plus tard. William Lustig aurait-il vu Don't Go in the House ( aussi intitulé Pyromaniac, en France) et s'en serait-il inspiré dans le dernier acte de Maniac ? En tout cas Don't Go in the House est sans conteste un film bien réalisé, sans temps mort, et bénéficiant de bonnes prestations d'acteurs. L'acteur qui interprète le rôle principal ( un certain Dan Grimaldi, qui, pour moi est un illustre inconnu. Mais qui a joué dans la série TV Les Sopranos apparemment) s'en sort très bien pour le tout premier rôle de sa carrière. 


Quant au réalisateur, Joseph Ellison, on peut dire qu'il a un parcours assez atypique. Musicien à la base, il a une filmographie peu fournie ( deux films seulement). Ce qui fait penser que la musique comptait plus pour lui que le cinéma. Dommage parce que sa réalisation est franchement de qualité. D'autant plus que Ellison participait à l'écriture de ses scénarios. Son goût pour la musique est en tout cas palpable dans Don't Go in the House. La musique disco, en l'occurrence. Cette ambiance disco ( très ancrée dans l'époque fin des 70's) créé un drôle de contraste avec cette plongée dans la folie d'un homme. Mais pourquoi pas.
Et cette virée glauque se termine étrangement à la lisière du fantastique ( ou dedans, en fonction de l'interprétation de chacun). Conclusion étonnante, vraiment. Avec cette idée de cercle infernal du mal qui se transmet des parents aux enfants. C'est que le film a un message. Les adultes fous et violents brutalisent les innocentes victimes que sont les enfants et ces derniers ne grandissent que pour perpétrer le mal à leur tour...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Bad Moon ( 1996) de Eric Red

Alors qu'il sont en pleine expédition au Népal, Ted Harrison et sa petite amie Marjorie, vont être sauvagement attaqués par un ...