Donald Kohler a subi,
durant son enfance, bien des traumatismes. Sa mère, une sorte de
fanatique religieuse, lui brûlait les avant-bras avec la flamme de
la gazinière pour le punir de son « impureté ». Quant à
son père, il est juste « parti » on ne sait où. Et même
si maintenant Donald ( ou Donny pour les intimes) est un adulte, on
sent tout de même qu'il a toujours un gros problème avec le feu. (
Malgré cela il travaille quand même à l'incinération des
ordures !). Un jour, Donnie assiste, médusé et fasciné, à un
terrible accident au cours duquel un de ses collègues de boulot est
transformé en torche humaine. Pour couronner le tout, il rentre chez
lui et découvre sa mère morte. Donny perd immédiatement le peu de
raison qu'il lui restait. Il se met à entendre des voix qui lui
murmurent avec insistance de se venger des femmes... par les flammes.
Le premier plan qui nous
fait découvrir la maison des Kohler en dit long : un plan
incliné pour nous montrer qu'ici tout va de travers. Les escaliers
ont l'air énormes et c'est tout le premier étage qui semble écraser
le pauvre Donny sous son poids. Normal la chambre de la mère est en
haut. Ce pauvre Donny est un gamin apeuré, coincé dans un corps
d'homme. C'est un fils dévoué, pour ne pas dire servile. Et
pourtant cette mère est une peau de vache tyrannique. Une folle.
Elle le rabaisse constamment, l'humilie et surtout le maltraite. De
ce fait, très vite, le normanbatisme
du personnage de Donny saute aux yeux.
Au
cours d'une scène qui est une totale repompe du Psychose de
Hitchcock ( la mère assise dans son fauteuil, en tournant le dos à
la caméra. On a déjà vu ça quelque part, hein) Donny pète donc
une durite en réalisant que sa mère n'est plus. Il est terriblement
effrayé par ce brutal accès à la liberté. Heureusement il n'est
pas complètement seul. Il y a des voix qui lui parlent, qui le
rassurent et qui lui disent quoi faire.
Donny
se lance donc dans sa quête de vengeance. Une à une, il attire des
jeunes femmes dans la grande maison familiale ( demeure qui a plutôt
de la gueule mais dont certaines parties sont clairement délabrées,
comme l'esprit du bonhomme) qui elle aussi fait beaucoup penser à la
maison de la mère Bates. Tout comme la mère Kohler faisait
probablement payer à son fils les fautes commises par son mari,
Donny va se venger de sa mère en s'attaquant à d'autres femmes. Le
fait que ces dernières ne s'intéressent que très peu à lui
n'arrange rien à la situation non plus ( mais bon, il faut dire que
le garçon est bien terne aussi).
L'omniprésence
du feu dans la vie ( l'incinérateur, le lance-flammes, les
allumettes, les bougies...) et dans les cauchemars de Donny est
l'essence même de sa malédiction. Donny a vécu toute sa vie dans
le dégoût de soi, dans la culpabilité et dans la douleur. C'est à
la base une victime innocente, ce gamin. Il va essayer de revenir
dans le droit chemin. Mais la colère, le sentiment d'être rejeté
et trahi, tout cela va le transformer en monstre.
Il
est intéressant de voir que la partie finale du film fait penser
clairement à Maniac. Or, ce dernier est sorti un an plus tard.
William Lustig aurait-il vu Don't Go in the House ( aussi intitulé
Pyromaniac, en France) et s'en serait-il inspiré dans le dernier
acte de Maniac ? En tout cas Don't Go in the House est sans
conteste un film bien réalisé, sans temps mort, et bénéficiant de
bonnes prestations d'acteurs. L'acteur qui interprète le rôle
principal ( un certain Dan Grimaldi, qui, pour moi est un illustre
inconnu. Mais qui a joué dans la série TV Les Sopranos apparemment) s'en sort
très bien pour le tout premier rôle de sa carrière.
Quant au
réalisateur, Joseph Ellison, on peut dire qu'il a un parcours assez
atypique. Musicien à la base, il a une filmographie peu fournie (
deux films seulement). Ce qui fait penser que la musique comptait
plus pour lui que le cinéma. Dommage parce que sa réalisation est
franchement de qualité. D'autant plus que Ellison participait à
l'écriture de ses scénarios. Son goût pour la musique est en tout
cas palpable dans Don't Go in the House. La musique disco, en
l'occurrence. Cette ambiance disco ( très ancrée dans l'époque
fin des 70's) créé un drôle de contraste avec cette plongée dans la
folie d'un homme. Mais pourquoi pas.
Et
cette virée glauque se
termine étrangement à la lisière du fantastique ( ou dedans, en
fonction de l'interprétation de chacun). Conclusion étonnante,
vraiment. Avec cette idée de cercle infernal du mal qui se transmet
des parents aux enfants. C'est que le film a un message. Les adultes
fous et violents brutalisent les innocentes victimes que sont les
enfants et ces derniers ne grandissent que pour perpétrer le mal à
leur tour...
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