Il est des films qu'on trouve bons lorsqu'on les voit pour la première fois et qu' on trouve encore meilleurs lors d'un second visionnage. Burnt Offerings entre dans cette catégorie. Pour moi, il se bonifie comme le vin. Derrière la caméra, on retrouve un certain Dan Curtis, créateur de la série TV culte, Dark Shadows. L'homme a aussi réalisé, entre autres, un Dracula avec Jack Palance dans le rôle du célèbre comte.
Si Dan Curtis n'a pas fourni une réalisation virtuose à son film, force est de constater que Burnt Offerings déborde de qualités. Son casting est prestigieux et inspiré, par exemple. Oliver Reed, Karen Black, Bette Davis et Burgess Meredith ( celui-ci est souvent cité dans les Chroniques Creepy. Ce second couteau était décidément un grand acteur): faut avouer que ça a de la gueule.
Voici le pitch :
La très sympathique famille Rolfe loue pour les vacances d'été une immense demeure victorienne. Le loyer demandé par les propriétaires ( des gens un peu chelous, faut avouer) est très bon marché. Pour bénéficier de ce prix d' "ami" les Rolfe devront s'occuper durant leur séjour de la vieille mère desdits propriétaires, Madame Allardyce, qui vit recluse sous les combles de la maison. Marché conclu. Mais les choses vont vite se gâter...
La très sympathique famille Rolfe loue pour les vacances d'été une immense demeure victorienne. Le loyer demandé par les propriétaires ( des gens un peu chelous, faut avouer) est très bon marché. Pour bénéficier de ce prix d' "ami" les Rolfe devront s'occuper durant leur séjour de la vieille mère desdits propriétaires, Madame Allardyce, qui vit recluse sous les combles de la maison. Marché conclu. Mais les choses vont vite se gâter...
La famille Rolfe débarque dans la propriété des Allardyce au son d'un violoncelle digne d'un Jaws. Pourtant jamais la maison n'est filmée de façon à la rendre menaçante. Il n'y a guère que le père de famille ( Ben, incarné brillamment par Oliver Reed) pour se montrer réticent ; les Allardyce ( le frère, joué par Burgess Meredith, et la soeur par Eileen Heckart) lui semblent complètement zinzins et il se méfie de cette "si bonne affaire". Pour lui, il y a anguille sous roche. Mais sa femme, Marian ( Karen Black, déjà vue notamment dans l'excellent Five Easy Pieces aux côtés de Jack Nicholson. Elle prête ici à son personnage un côté somnambule, au début trop douce pour ne pas inquiéter pour finalement se révéler tout à fait terrifiante) , est, au contraire, très intéressée. La caméra se fixe sur elle ; à peine franchit-elle le pas de la porte qu'elle a le regard avide et le sourire béat : elle veut cette maison. C'est tout discuté.
La maison est comme une fleur fânée qui a besoin de sang neuf pour fleurir à nouveau. Les Rolfe vont lui redonner vie. Surtout Marian. Le couple s'installera avec leur fils ( David, joué par le convaincant Lee Montgomery) et la grande-tante Elizabeth ( interprétée par une Bette Davis super cool et pimpante, aux antipodes de ses rôles de garce).
Tous ces acteurs réussissent en un claquement de doigts à nous rendre les personnages attachants. On en tremblera que plus facilement pour eux.
Car, à peine installés, chaque membre de la famille Rolfe sentira, à sa façon, un nuage noir se poser au dessus de sa tête. Comme je l'ai dit la maison n'a jamais vraiment l'air glauque ou menaçante. Mais le fait est qu'elle trouble tous ses nouveaux occupants. Ces derniers changent de comportement et cela semble se faire totalement malgré eux et à leur insu. La chose n'en est que plus inquiétante.
Niveau réalisation, Dan Curtis opte pour une photo très saturée ( on le sent bien que c'est l'été, y a pas de souci !) qui donne au film un aspect très onirique. La musique est ici une alliée précieuse ( violoncelle donc pour l'angoisse et hautbois pour le mystère. C'est comme ça, le hautbois c'est mystérieux, faut pas chercher).
Burnt Offerings est un film issu d'une époque où l'on savait faire frémir le public grâce à des procédés " simples" ; par la narration, l'insinuation, le non dit et le non montré, et bien sûr par le jeu des acteurs ( certaines scènes sont tout bonnement du théâtre). La réalisation de Dan Curtis est sans fioritures mais efficace. Et ses effets de mise en scène valent tous les jump-scares du monde.
L'amour que les Rolfe éprouvent les uns pour les autres est la seule chose capable de les rendre à eux-mêmes. C'est le seul rempart face au mal qui les tourmente. Qui l'eut cru ? Mais à ce niveau là le film est indéniablement touchant.
Et il fait diablement travailler l'imagination ! Il titille nos nerfs et nous fait croire aux forces invisibles, aux mauvaises ondes : bref aux esprits maléfiques et à toutes ces énergies négatives qui exercent une emprise et font dépérir. Burnt Offerings est en cela, un modèle du genre, en tant que mécanique du piège. Et quel final à vous glacer le sang ! Ici la famille Rolfe s'enlise comme dans un sable mouvant. Ainsi est le cauchemar : plus on se débat et plus on s'enfonce...
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