vendredi 9 mars 2018

Alice Sweet Alice ( 1976 ) de Alfred Sole

Alice Sweet Alice est décidément un drôle de film. Arrivé deux ans avant Halloween c'est une sorte de pré-slasher, un brin foutraque et expérimental, mais libre de faire ce qu'il veut, du coup. 
 
Alors qu'est ce que ça raconte exactement? Pitchons, pitchons : La petite Karen est assassinée le jour de sa première communion. Tout le monde suspecte sa sœur, Alice, qui, il faut bien le dire, se comporte de manière un brin étrange et inquiétante. Les agressions et meurtres à l'arme blanche s'enchaînent. Le tueur porte un masque et un ciré jaune. Et sa silhouette est féminine. Tout semble évident.

Passées les quinze premières minutes, on se dit que l'identité de ce tueur au ciré jaune ( giallo!) ne fait aucun doute : alors on fait quoi maintenant, Alfred ? Et puis, et puis, tout n'est pas aussi évident qu'il n'y paraît, fort heureusement pour nous, spectateurs.
 
De toute évidence Alice Sweet Alice n'a pas pour point fort son visuel, même si la photo n'est pas dégueu à certains moments. Le budget devait être assez limité. Pour un public biberonné au slasher, au giallo, au whodunit, l'histoire peut même sembler pas très originale. Mais n'oublions pas qu'on était en 1976.

Mais alors quel est le gros point fort du film, me direz-vous? Je vous répond : sa galerie de personnages, tous plus détraqués les uns que les autres. C'est cette ambiance malsaine, qui plane tout le long du film, qui le rend intéressant. Alfred Sole prendra aussi le pari risqué d'un twist au 3/4 du film. Décidément le garçon ne dispose pas beaucoup d'argent mais il a des idées audacieuses.

Mais parlons des personnages. Tout d'abord il y a Karen, la première victime, petite fille parfaite, un peu enfant gâtée mais qui est de loin la plus innocente du lot. Et bien sûr c'est à elle à qui il arrivera un truc vraiment pas cool pendant sa communion. Jésus, la Sainte Vierge et tous les saints réunis n'y pourront rien.
 
Puis il y a Alice ( le sweet Alice du titre est on ne peut plus ironique!). Dès qu'on croise son regard à celle-là, on se doute que c'est un cas qui relève de la psychiatrie ! Bien qu'à peu près du même âge que sa soeur Karen, Alice a déjà la voix et le regard provocateur d'une jeune fille qui n'a pas froid aux yeux. D'ailleurs ton corps change, pas vrai Alice ? Tu ne t'entends pas ni avec ta soeur, ni avec ta mère ou ta tante Annie, mais en même temps t'es flippante, ma vieille !
 
La tante Annie, elle, est une femme dominatrice ( il faut la voir parler à son mari. C'est du genre pousse toi de là que je m'y mette!). Elle a une certaine emprise également sur sa soeur Catherine, qui est donc la mère des deux fillettes. Figure énervante de la lady qui se croit meilleure, plus convenable que les autres, la tante Annie  semble vouloir aider son entourage uniquement dans le but de mieux les contrôler à sa guise.  L'hystérie la guette à celle-là! Passons sur Catherine et sur le père ( à travers lequel le film prend un petit côté polar à un moment donné) car ce sont des personnages moins malsains mais assez insipides.
 
Ensuite vient un gros morceau ( c'est le cas de le dire) : Monsieur Alphonso. Lui, c'est un client ! Il est le propriétaire de l'immeuble où vit la petite famille ( sauf le père qui s'est remarié). Alphonso vit à l'étage d'en dessous, dans un appartement qui sent la pisse de chat. Il passe tout son temps vissé sur son fauteuil à écouter de l'opéra, en compagnie de ses chats. L'homme est laid et énorme et pas très porté sur l'hygiène. Niveau alimentation, il semble apprécier le Whiskas de ses chats. Mais c'est surtout sa façon de regarder Alice qui le rend dégoûtant : ce type est un gros pervers. Avec son teint blafard, maladif, difficile d'avoir l'air plus repoussant. Néanmoins Alice prend un malin plaisir à le provoquer et à l'insulter. Bref, c'est la fête entre eux.

Pour finir nous avons Mme Tredoni, une sorte de gouvernante qui travaillent pour les prêtres du coin. Un personnage de bigote, extrême forcément. Cette dernière se montre possessive vis à vis d'un des curés, le père Tom, qui lui semble attiré par la mère des deux gamines. Excepté ce prêtre, personne ne trouve grâce aux yeux de Mme Tredoni, véritable grenouille de bénitier, pas commode du tout.

De ci de là des personnages, qu'ils soient centraux ou secondaires, balancent leur petite réplique riche de sens : "les gens font des trucs de fous" dit l'un ; "tout le monde se trouve une excuse." dit l'autre. "Les parents sont ceux qui connaissent le plus mal leurs enfants" etc... Ce sont de véritables commentaires sur le coeur même du film.
 
Niveau réalisation, rien de particulier à dire si ce n'est cette tendance à filmer les visages de près ( pour mieux scruter leurs réactions mais aussi pour accentuer leur creepytude). Notons également l'interprétation un peu too much et hystérique de certains des personnages. Quant à la bande son, je trouve qu'elle fait le job, sans être mémorable.
 
Pour conclure, signalons le fait que Alfred Sole n'a pas choisi par hasard d'appeler son personnage central Alice. Son film peut être considéré comme un Alice au pays des tordus. Et on peut tout à fait considérer que la "sweet" enfant est à sa place parmi eux.




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