vendredi 13 octobre 2017

The Omega Man ( 1971) de Boris Sagal

The Omega Man  ( ou Le Survivant en français ) est une très libre adaptation de Je suis une légende, le célèbre roman de Richard Matheson. Après The Last Man on Earth ( en 1964 et avec la légende Vincent Price) et bien avant le Je suis une Légende ( en euh on s'en fout et avec le type qui se prenait pour le prince de Bel-Air) , on ne peut pas dire que le chef d'oeuvre de Matheson aie eu droit à la parfaite adaptation cinématographique qu'il méritait ( même si le Vincent Price est pas dégueu du tout. C'est le plus fidèle au livre, en tout cas).
 
Le film dont il est question aujourd'hui suit une bonne longueur derrière. Quant au plus récent, je préfère rien dire parce que voilà, ça va faire monter ma tension pour rien.
 
Donc pourquoi parler de The Omega Man ? Parce que malgré les largesses ( énormes) qu'il prend vis à vis du livre, il n'en pose pas moins des questions intéressantes. Ça vous en bouche un coin, hein!
 
À première vue le film a l'air bourrin ( et il l'est par moments avec un Charlton Heston qui a la gâchette facile, mais bon ça lui va comme un gant). Si on ajoute à cela des moments what-the-fuckesques dispersés aux quatre coins du film et une réalisation sans grand relief de Boris Sagal ( un réalisateur qui a beaucoup travaillé pour la télévision) , on serait tenté de penser que ce Omega Man n'a pas grand intérêt.

Oui mais voilà, le film est étonnamment pertinent ( je dirais même burné) dans son message.

Deux modifications par rapport à l'histoire d'origine ont retenue particulièrement mon attention et donnent au film une saveur particulière :
primo, ici on parle de bacilles propagés au cours d'une nouvelle guerre mondiale qui aurait décimé l'Humanité. En d'autres termes, les hommes se sont balancés le fléau sur eux-mêmes, tout seuls comme des grands (cons) dans un suicide des plus stupides, à la Dr Folamour's style.

deuxio, les victimes ne deviennent pas des vampires. Ce sont juste des créatures qui ne supportent pas la lumière, qu'elle soit naturelle ou artificielle. Mais la véritable maladie qui les ronge c'est l'obscurantisme de la pensée. Quand on les voit tout de noirs vêtus et encapuchonnés, avec leur teint blafard et leur regard d'albinos, la torche à la main, ils ont tout l'air de fanatiques et d'inquisiteurs ( et je m'y connais là dessus !). 

Victimes des excès et de l'absence de morale de la science, ainsi que de la folie de leurs dirigeants politiques et militaires, ces individus perdus dans cette nouvelle ère qui commence, embrassent alors une foi trop obscure pour leur permettre de bâtir une nouvelle civilisation.

Cependant on ne peut que leur donner raison quand Matthias ( leur leader) fustige la science dont le personnage de Charlton Heston est la dernière incarnation. C'est elle qui a provoqué la malédiction qui s'est abattue sur ces pauvres malheureux. Mais ils oublient que cette science qui a détruit leur civilisation est aussi celle qui a fortement contribué à la construire. L'outil était bon, il a juste été mal utilisé. Bref, il n'est pas condamnable en soi. Comme toujours c'est l'homme qui déconne. La preuve sur cette photo :

Tous ces gens ( réunis sous le nom assez ironique de la "Famille") n'apparaissent jamais comme des individus mauvais. Encore une fois  c'est le terme de victimes qui leur va le mieux. Ce sont des égarés de l'esprit. Là dessus le film fait preuve d'assez de subtilité.
 
Il en va de même dans le traitement de Neville, le "héros" joué par Heston. Ce dernier nous sort une prestation 100% à la Charlton c'est à dire en campant un personnage intrépide, costaud et viril qui, comme dans la Planète des Singes, se laisse quand même un peu bouffé l'esprit par la haine que ses ennemis lui inspirent. Malgré son intelligence il oublie que les membres de la Famille sont avant tout des malades ; il commet l'erreur de les haïr et de prendre plaisir à les tuer et à les traiter comme de la vermine. C'est à travers les paroles d'un enfant qu'il vient de sauver que le reproche lui sera fait : " Vous m'avez sauvé mais parfois vous me faites encore plus peur que la Famille!". Neville ne comprendra pas cette remarque, persuadé d'être supérieur à ses ennemis et d'être dans son bon droit. Son intelligence, essentiellement scientifique, trouve là ses limites.
 
Le film  n'hésite pas à égratigner l'image de son héros, même s'il lui donne par moments des atours christiques.
 
Tourné en Technicolor, The Omega Man bénéficie d'une très belle patine et de riches couleurs. Dommage que la réalisation soit quelconque. Quant à la musique de Ron Grainer, elle se révèle très agréable à l'écoute et accompagne parfaitement le déroulé de l'action.
 
Nous sommes ici en présence d'un film qu'on apprécie malgré ses défauts. Sa force réside dans ce qu'il raconte. Bien sûr son message n'a rien de révolutionnaire mais il sonne juste. Et c'est dit de façon fort séduisante, clairement et avec une belle hargne !

 
 
 

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