Les problèmes écologiques n'étaient probablement pas au top des priorités et des inquiétudes en l'an de grâce 1974. Et pourtant, en quelques plans d'introduction très explicites, le Massacre des Morts-Vivants ( du moins c'est son titre français, le film ayant au moins 44 000 titres différents à travers le monde. Non, je n'exagère pas!) dresse un constat terrible sur cette Angleterre, mère patrie de l'industrie, bien polluée et crasseuse.
Mais l'Angleterre, surtout la campagne anglaise, est une terre par tradition très fertile en histoires surnaturelles, qui offrira également un décor - que dis-je ? un écrin ! - parfait pour cette coproduction italo-espagnole injustement underrated.
"Je suis un zombie ! Tu me croix pas ?!"
Quand George Meaning ( Ray Lovelock) et la jolie Edna ( Cristina Galbo) Simmonds se rencontrent tout à fait par hasard, ils sont loin de se douter du danger qui les guette. Perdus en pleine country anglaise, ils échouent dans un village où des meurtres étranges ont lieu. George ayant un look de hippie, la police le suspecte aussitôt d'être un disciple de Charles Manson et donc d'être le coupable de ces crimes. Hélas, il s'agit bien d'une épidémie zombiesque provoquée par une machine expérimentale utilisée par les agriculteurs du coin pour améliorer le rendement de leurs champs, au mépris des répercussions sur Dame Nature. En somme, sous ses allures modestes, le film a tout de même un message fort.
"Les dames d'abord!"
Ray Lovelock ( quel nom qui claque !) acteur italo-anglais, se révèle parfaitement à la hauteur en tant que premier rôle, en faisant preuve de charisme et d'humour. De même l'actrice espagnole, Cristina Galbo, est un excellent choix de casting. On a notamment pu la voir dans le chef d'oeuvre de Narciso Ibanez Serrador : La Résidence ( 1970).
Sans atteindre des sommets de virtuosité, le film de Jorge Grau nous attrape immédiatement pour ne plus nous lâcher et on passe un excellent moment. Le cinéaste espagnol a une vision du zombie assez proche de celle de maître Romero, avec des morts-vivants lents. Lents mais costauds tout de même. Mais là où Romero en profitait pour balancer un discours virulent contre les autorités et la société consumériste, Grau se focalise davantage sur l'irresponsabilité des gens ( des scientifiques surtout mais pas que ) et sur les dérives dangereuses de la production intensive agricole. Et sur cette question là, le film se révèle plutôt avant-gardiste.
"Mort et visiblement pas vegan"
Jorge Grau, en cours de route, en profitera pour faire un petit croche-patte à la police, notamment grâce au personnage de l'inspecteur principal, une sorte de vieux ronchon qui n'apprécie visiblement pas la jeunesse et qui est toujours à côté de la plaque niveau enquête. Un individu irascible, à la gâchette un peu trop facile, hélas.
Si le titre français ( avec le mot massacre) peut laisser penser qu'on va assister à une véritable invasion de zombies ; il n'en est rien. Le film n'a visiblement pas bénéficié de moyens pharaoniques et nos morts-vivants se comptent facilement avec les doigts au final. Mais peu importe ! Son minimalisme ne l'empêche aucunement d'offrir de jolis moments de tension ( comme cette scène bien claustro dans un caveau, brrrrr). Tout cela pour dire que le film, malgré ses modestes moyens assumés, est une très agréable surprise. Beaucoup moins connu que les Romero ou que L'Enfer des Zombies de Fulci, par exemple, notre film de zomblard italo-espagnol est une petite pépite méconnu qui fait bien mieux que se défendre...
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