Le procédé est simple comme bonjour mais diablement efficace. Le film démarre en Italie où des membres du clergé se réunissent et prient. L'un d'eux dit " Il y a danger!". Point ! Quel danger ? On ne sait pas mais on a envie de savoir ! Allez hop, on se retrouve la scène d'après de l'autre côté de l'Atlantique, le générique démarre. Et là on nous montre ce couple d'amoureux américains, semblant filer le parfait amour. Quel est le rapport ? Le film intrigue, c'est le moins que l'on puisse dire ! Mais rapport il y a ! MichaelWinner ( oui, le réalisateur du Justicier dans la Ville avec Charles Bronson ) nous le fait comprendre en deux secondes de péloche.
La femme ( Cristina Raines, qui apparemment a joué dans les Duellistes de Ridley Scott mais je ne m'en souviens pas !) est une jeune et belle créature prénommée Alison, qui semble être une de ces personnes privilégiées par la vie : heureuse en amour et professionnellement (la donzelle est top model). Cependant on se rendra compte vite fait qu'elle a un passé pas drôle du tout. Quant à l'homme c'est un fringant avocat moustachu ( joué par Chris Sarandon vu lui dans des films comme Vampire, vous avez dit vampire ? Chucky ou Un après-midi de chien).
Quand son père meurt, Alison ne pleure pas. Son retour à la maison familiale donnera l'occasion à Michael Winner de placer, avec une extrême habileté, une scène traumatisante du passé de la jeune femme. Le glissement entre présent et passé se faisant avec une fluidité vertigineuse. Chapeau ! Après cela, Alison ramasse un objet et le lien se fait avec la scène d'intro. C'est propre !
Ne voulant pas reproduire les erreurs de sa mère, Alison, bien que vivant en couple, souhaite prendre son propre appartement. Comme elle le dit elle-même, elle a besoin d'espace. Son avocat de copain ( prénommé Michael) a bien du mal à saisir l'idée. On comprend très vite qu' Alison, bien que sincère dans ses sentiments, se méfie des hommes. Tout cela à cause de son père. Alors elle est prudente avec ce Michael qui, étant donné sa profession, sait baratiner.
Voilà pourquoi notre Alison se trouve son appartement dans un immeuble de Brooklyn. Un des voisins, un papy plutôt rigolo ( joué par Burgess Meredith, célèbre pour son rôle de Mickey dans Rocky) fait son apparition et Alison sympathise de suite avec lui. Rien à signaler d'autre , si ce n'est qu'au cinquième étage, il y a un prêtre aveugle qui regarde tout le temps droit devant lui, la fenêtre ouverte. Normal quoi. Mais que regarde-t-il ? On aimerait bien le savoir.
En même temps qu' Alison, le spectateur va faire connaissance avec le voisinage et l'on peut dire que cette galerie de personnages est plutôt perturbante. Ils ont l'air inoffensifs mais sont tous bizarres. Quelque chose de pourri se cache derrière tout ça. L'angoisse monte. Connaissant le traumatisme qui hante Alison on se dit que cette dernière est probablement repartie pour un autre tour de manège dans le cauchemar. On la plaint.
En quelques minutes, The Sentinel ( ou la Sentinelle des Maudits en français ) pose pas mal d'éléments qui intriguent et qui donc captent l'attention du spectateur illico presto. On est dedans et le film ne va plus nous lâcher. D'abord effrayant de par sa mise en scène inspirée, The Sentinel se permettra même une surprenante petite incartade gore que n'aurait pas renié un Fulci.
Niveau casting, on hallucine en voyant défiler le générique. On y découvre un Jeff Goldblum encore débutant ( le Jeff a démarré dans le Justicier dans la Ville, justement par l'intermédiaire de Winner) dans un tout petit rôle de photographe de mode. Et puis, dans des rôles assez modestes aussi sont présents des légendes comme AVA GARDNER ( oui ! oui ! La Dame de Shanghaï ) Elli Wallach ( ouiii, le Tuco du Bon, la Brute et le Truand ) et Christopher Walken (oui, oui, le Môssieu de Dead Zone, Voyage au Bout de l'Enfer, Sleepy Hollow ). Bref Michael Winner s'est fait plaisir ! Ah oui j'oubliais John Carradine ( qui joue le mystérieux prêtre aveugle) qui lui a participé à des petits films comme Les dix Commandements ou Les Raisins de la Colère. Et aussi Martin Balsam ( vous savez le détective malchanceux qui entre dans la maison de Norman Bates dans Psychose ? ). Bref, casting de fou, vous dis-je !
Et
pourtant les rôles confiés à Wallach et Walken sont vraiment
secondaires ( ils incarnent un duo de flics assez soupçonneux vis à vis
de Michael, point final). Ava Gardner hérite elle d'un rôle d'agent immobilier (nan,
nan, c'est pas une blague) plutôt pressée de refourguer l'appartement à
Alison. Pas très clair comme personnage.
Arrivé à mi-parcours, le film fait le choix de se donner un côté enquête policière ( d'où l'arrivée, même si discrète, du duo Wallach/Walken ) et cette évolution continue à scotcher l'attention du public et à maintenir l'angoisse. Mais The Sentinel reviendra, dans son dernier acte, à ce qu'il est : c'est à dire à un film qui fout la trouille ! Savamment amené son climax est un pur moment de terreur, visuellement très marquante.
De
l'énigmatique en veux-tu en voilà, des personnages inquiétants,
ambigüs, de l'angoisse et du trouble : voilà ce que le film nous procure
à foison. Basé sur une idée forte, sans temps mort, avec un récit qui
tient parfaitement la route, The Sentinel nous marque au fer rouge. On ne l'oublie pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire