mardi 25 juillet 2017

Dust Devil ( 1992) de Richard Stanley


Indéniablement, nous voilà en présence d'un film surprenant et ô combien original. Surprenant déjà par son lieu de tournage : la Namibie. C'est pas tous les jours, faut avouer ! 

Dès la scène d'ouverture, une atmosphère mystique et poétique s'installe. Une voix off nous explique en quelques phrases ce qu'est le dust devil : un esprit errant et maléfique. La légende dit que cet esprit était un homme autrefois et que, enclin aux passions humaines, il souffle de colère dans le désert.

Après cette introduction des plus efficaces arrive le générique où l'on voit un étrange personnage au bord de la route, sapé comme un cow-boy. Il sort de sa poche une montre à gousset dont les aiguilles tournent à toute vitesse. Le ton est donné. L'homme attend qu'une voiture passe.

Mise en scène, cadrage et musique font furieusement penser à un western. Le mystérieux personnage a même des faux airs de Clint Eastwood. Niveau musique, on sent qu' Ennio Morricone en a inspiré plus d'un.

Impressionnante la façon qu'a le film de présenter, en quelques secondes, ses influences principales. On sent la générosité et la sincérité qui a animé le projet. Dans ces cas-là, on est conquis ( presque ) d'avance.

Alors, qu'en est-il du pitch ? Il est assez simple : une jeune femme sud-africaine décide de quitter le nid conjugal après avoir reçu la tarte de trop de la part de son mari, un brin violent quand il est jaloux. La malheureuse s'enfuit en voiture, passe la frontière namibienne et prend en stop le fameux cow-boy eastwoodien.

En parallèle le film s'intéresse à un autre personnage : Ben Mukurob. Il s'agit d'un policier namibien exerçant son métier dans un trou perdu qui s'appelle Bethany. Des meurtres avec rituel ( victimes découpées en morceaux, étranges inscriptions écrites sur les murs avec leur sang etc...) ont lieu dans son secteur et Mukurob mène l'enquête. N'ayant aucune piste solide, le policier se tourne vers un shaman pour l'aider à déchiffrer les inscriptions.

Le personnage du flic est très intéressant. Il lui est reproché ( par le shaman ) de penser comme un homme blanc, c'est à dire d'être cartésien, alors que les rêves qu'il fait cherchent sans cesse à lui faire passer un message. Par l'intermédiaire de Ben Mukurob, Dust Devil a un lien de parenté avec le très beau film de Peter Weir, The Last Wave ( 1977 ), où là aussi le rêve a une dimension de révélateur, de trait d'union entre le monde "réel" et le monde des esprits.

Rongé par la culpabilité ( son fils est mort "à cause de lui", selon sa femme) et la solitude ( sa femme l'a quitté, du coup), Mukurob reste dans cette ville moribonde de Bethany, où le train passe mais où personne ne descend. C'est une ville qu'on quitte. N'espérant plus rien de bon de la vie, Mukurob attend néanmoins quelque chose. Son seul but sera d'aller au bout de son enquête.

Un contexte historique et social apparait par moment dans le film. J'ignorais que l'Afrique du Sud avait envahie la Namibie par le passé. De ce fait, on sent des relents d'apartheid subsister.

En ce qui concerne la réalisation, il y a de très belles choses : des cadrages originaux et des compositions recherchées au niveau de la photo. L'effort artistique pour créer une belle atmosphère est indéniable. Parfois Richard Stanley en fait un peu trop ( je pense à une scène vers la fin, pas très justifiée ni compréhensible, qui semble n'être là que parce qu'elle en jette visuellement). Mais bon, on lui pardonnera bien volontiers, étant donné que le film a bon nombre d'atouts. Outre sa mise en scène inspirée et sa musique envoûtante, Dust Devil bénéficie également des beaux décors fourni par le désert namibien. Autre point fort : son bad guy, à la fois original et charismatique. D'ailleurs, tous les personnages importants sont bien écrits et interprétés ( la femme en cavale, le flic torturé, le mari délaissé et pathétique jusqu'au bout dans sa tentative de ramener sa chère épouse à la maison).

En résumé, Dust Devil est un film riche qui mérite d'être vu et revu.



 





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