Ah comme il est bon d'assister à un film ambitieux en terme de réalisation comme l'est The Changeling ! Peter Medak a indéniablement le sens du cadre et de la suggestion. Mouvements fluides de caméras, compositions travaillées, plongées/contreplongées, vue subjective etc... La réalisation est riche et généreuse ! Doté de décors somptueux et d'une très belle photo, on peut dire que ce The Changeling est un bel objet filmique que j'aimerais bien avoir l'occasion de regarder un jour dans une version restaurée en blu-ray.
On notera la présence en tête d'affiche du vétéran George C.Scott, célèbre notamment pour son rôle de colonel incompétent dans Docteur Folamour ou pour sa prestation très convaincante en vieux flic philosophe dans Les Flics ne dorment pas la nuit de Richard Fleischer.
Le moins que l'on puisse dire c'est que le film met les pieds dans le plat en démarrant tout de suite avec le souvenir traumatique de ce qui est arrivé au héros, à savoir la perte tragique de sa femme et de sa fille. George C. Scott incarne le rôle de John Russell, un compositeur de musique classique, mais surtout un homme qui tente de tourner cette page ô combien douloureuse de sa vie. Pour se faire, il cherche une maison à louer afin de pouvoir se consacrer tranquillement à la composition de sa nouvelle oeuvre.
Passée l'intro, le film baigne dans une superbe ambiance mélancolique qui nous fait bien ressentir l'état psychologique du personnage. La musique, belle et efficace, joue un rôle primordial dans tout ça, bien évidemment.
Ne cherchant pas un instant à nous cacher sa nature de film de maison hantée, The Changeling nous montre tout de suite la maison louée par John Russell comme un personnage à part entière : avec un plan appuyé de face puis un autre en contreplongée pour nous la rendre imposante voire menaçante. Tout ça fait dans les règles de l'art, en somme !
La vaste et vieille demeure offre un parfait décor pour ce genre de film. On pense à La Maison du Diable de Robert Wise immédiatement. Et on fait bien d'y songer car bientôt John Russell sera réveillé en sursaut quand il entend des bruits de coups en pleine nuit, comme si on tapait avec un marteau sur la tuyauterie. Si ça c'est pas un clin d'oeil à La Maison du Diable, qu'est-ce donc ?!
Par la suite, avec des effets simples mais saisissants, Peter Medak va faire monter la tension, touche par touche. Ce qui est intéressant c'est que John Russell n'a pas affaire à un simple esprit maléfique qui veut juste le tourmenter comme ça, juste pour se marrer ! Ce n'est pas non plus une tentative de possession avec l'inévitable exorcisme au bout. Non, c'est plus subtil que cela.
Le film nous gratifie notamment d'une très belle scène de séance de spiritisme où on comprend un peu mieux le pourquoi de la chose. La force de The Changeling réside justement dans sa capacité à changer de registre sans pour autant perdre une miette de ce qui faisait son intérêt jusque là. Le film sait évoluer vers autre chose de tout aussi passionnant tout en nous offrant plusieurs fulgurances visuelles qui impriment la rétine et la mémoire.
En résumé, nous tenons là un film à la très belle réalisation, à l'interprétation impeccable, pourvu d'un scénario original et solide. Bref un film qui mérite amplement de ne pas tomber aux oubliettes.