samedi 25 novembre 2017

The Changeling (1980) de Peter Medak

Ah comme il est bon d'assister à un film ambitieux en terme de réalisation comme l'est The Changeling ! Peter Medak a indéniablement le sens du cadre et de la suggestion. Mouvements fluides de caméras, compositions travaillées, plongées/contreplongées, vue subjective etc... La réalisation est riche et généreuse ! Doté de décors somptueux et d'une très belle photo, on peut dire que ce The Changeling est un bel objet filmique que j'aimerais bien avoir l'occasion de regarder un jour dans une version restaurée en blu-ray.

On notera la présence en tête d'affiche du vétéran George C.Scott, célèbre notamment pour son rôle de colonel incompétent dans Docteur Folamour ou pour sa prestation très convaincante en vieux flic philosophe dans Les Flics ne dorment pas la nuit de Richard Fleischer.

Le moins que l'on puisse dire c'est que le film met les pieds dans le plat en démarrant tout de suite avec le souvenir traumatique de ce qui est arrivé au héros, à savoir la perte tragique de sa femme et de sa fille. George C. Scott incarne le rôle de John Russell, un compositeur de musique classique, mais surtout un homme qui tente de tourner cette page ô combien douloureuse de sa vie. Pour se faire, il cherche une maison à louer afin de pouvoir se consacrer tranquillement à la composition de sa nouvelle oeuvre.
 
Passée l'intro, le film baigne dans une superbe ambiance mélancolique qui nous fait bien ressentir l'état psychologique du personnage. La musique, belle et efficace,  joue un rôle primordial dans tout ça, bien évidemment.
 
Ne cherchant pas un instant à nous cacher sa nature de film de maison hantée, The Changeling nous montre tout de suite la maison louée par John Russell comme un personnage à part entière : avec un plan appuyé de face puis un autre en contreplongée pour nous la rendre imposante voire menaçante. Tout ça fait dans les règles de l'art, en somme ! 
 
La vaste et vieille demeure offre un parfait décor pour ce genre de film. On pense à La Maison du Diable  de Robert Wise immédiatement. Et on fait bien d'y songer car bientôt John Russell sera réveillé en sursaut quand il entend des bruits de coups en pleine nuit, comme si on tapait avec un marteau sur la tuyauterie. Si ça c'est pas un clin d'oeil à La Maison du Diable, qu'est-ce donc ?!
 
Par la suite, avec des effets simples mais saisissants, Peter Medak va faire monter la tension, touche par touche. Ce qui est intéressant c'est que John Russell n'a pas affaire à un simple esprit maléfique qui veut juste le tourmenter comme ça, juste pour se marrer ! Ce n'est pas non plus une tentative de possession avec l'inévitable exorcisme au bout. Non, c'est plus subtil que cela. 
 
Le film nous gratifie notamment d'une très belle scène de séance de spiritisme où on comprend un peu mieux le pourquoi de la chose. La force de The Changeling réside justement dans sa capacité à changer de registre sans pour autant perdre une miette de ce qui faisait son intérêt jusque là. Le film sait évoluer vers autre chose de tout aussi passionnant tout en nous offrant plusieurs  fulgurances visuelles qui impriment la rétine et la mémoire.

En résumé, nous tenons là un film à la très belle réalisation, à l'interprétation impeccable, pourvu d'un scénario original et solide. Bref un film qui mérite amplement de ne pas tomber aux oubliettes.
 
 
 
 
 

vendredi 10 novembre 2017

Magic ( 1978 ) de Richard Attenborough

Quand on est cinéphile, on a forcément déjà entendu le nom de Richard Attenborough quelque part. Mais, au final, les seuls rôles de cet acteur qui me viennent à l'esprit immédiatement sont ceux de Bartlett dans La Grande Evasion et du milliardaire excentrique, créateur de parcs à dinosaures dans Jurassik Park. Je précise cela non pas pour contester un tant soit peu le fait que le bonhomme aie fait une grande carrière, mais juste pour exprimer l'idée que peut-être  le parcours et la filmo d'Attenborough ne sont pas si connus que ça du grand public.

Alors Richard Attenborough réalisateur, ça donne quoi ? Et bien, c'est pas mal du tout, mon gars! J'avoue que ce qui m'a tout d'abord incité à regarder le film est lié à la présence d'Anthony Hopkins en haut de l'affiche. Je me suis laissé tenté par ça et le pitch. Et bien m'en a pris !

Car il faut reconnaître qu'Attenborough fait preuve dans sa réalisation d'une certaine capacité à placer de ci de là des cadrages d'une grande pertinence, pour ainsi composer des tableaux qui nous marquent l'esprit et nous restent dans l'oeil.

Dans les années 70, le Technicolor prend cette signature visuelle plus froide et pâle. Exit les couleurs flamboyantes, baroques, qui nous régalaient les yeux dans les années 50/60. Mais, dans le cas de Magic, cette froideur de l'image colle parfaitement à l'atmosphère du film. Elle l'améliore même.

Quant au casting, on notera la présence également de Burgess Meredith qui, pour moi, sera toujours l'entraîneur grande gueule/grand coeur de Stallone dans les trois premiers Rocky. Bien plus tard, j'ai eu l'occasion de le voir dans La Sentinelle des Maudits (1977) de Michael Winner - excellent film creepy qui aura droit à sa Chronique un jour, soit dit en passant ! Magic est donc le troisième film que je vois de cet acteur, certes considéré comme un second couteau, mais néanmoins talentueux indéniablement.

Mais venons-en à Anthony Hopkins : il est parfait ( comme d'habitude) dans le rôle de Corky, un magicien ventriloque. C'est impressionnant à quel point Hopkins excelle dans des registres aussi différents. Terrifiant en Hannibal Lecter, savant iconoclaste et pété du casque dans le Dracula de Coppola, ou visage même de la bonté humaine dans Elephant Man. Et puis terriblement attachant malgré tout, car enfantin, dans Magic. Car Corky est un personnage de gamin timide coincé dans un corps d'adulte ( combien de fois se fait-il traiter de p'tit con dans le film?!). Au début, on le voit faire un bide dans une petite salle de New York. Personne ne fait attention à ses tours de cartes. Il rentre tout penaud chez Merlin ( son maître en magie, ça ne s'invente pas !).  Quand ce dernier lui demande comment s'est passé le spectacle, Corky cherche à lui cacher la vérité mais Merlin n'est pas dupe. Le maître magicien poussera son élève peu charismatique à ne pas se décourager devant l'échec et à chercher une "solution" pour capter l'attention du public.

L'histoire fait alors un bond dans le temps, une ellipse difficile à mesurer avec précision. On se retrouve dans la même salle, blindée de monde cette fois-ci. Un grand imprésario ( Burgess Meredith) a repéré un nouveau talent. Et c'est Corky qui entre en scène. Le public semble conquis d'avance. Que s'est-il passé?

Le spectacle commence et, par l'intermédiaire d'une mise en scène amusante, le magicien nous présente Fats, une marionnette à l'humour graveleux, particulièrement efficace sur le public. Voilà donc la raison de ce succès soudain.

Rapidement on comprend que Corky est capable d'abattre un travail considérable pour avoir du succès mais que, par manque de confiance en lui, il se sent obligé d'avoir recours à "quelqu'un d'autre" pour y parvenir.

La relation Corky-Fats fera tout le sel du film.

Car si Fats a besoin de son créateur pour lui insuffler la vie, on sent que Corky a tout aussi besoin de sa marionnette pour s'exprimer et s'affirmer aux yeux des autres. Une des grandes forces du film est sa capacité à nous montrer Fats comme un être à part entière. Et puis, tout comme les poupées et les clowns, la marionnette censée être rigolote et inoffensive finit par nous sembler inquiétante voire sinistre.

Tout d'abord fusionnelle, la relation Corky-Fats évoluera lentement, insidieusement, vers une inversion du rapport de force initial. C'est ce qui provoque très efficacement un malaise croissant chez le spectateur.

Refusant la possibilité d'un très bon contrat que lui propose son agent ( car il lui faut pour ça passer un examen médical, ce que Corky refuse farouchement) le magicien et sa marionnette fuient New York comme des voleurs.  Corky a besoin d'une mise au vert, pour ne plus ressentir toute cette pression. Il retournera sur les lieux de son enfance, pour retrouver Peg, son amour de jeunesse, une femme désormais mariée. Peg vit dans une grande maison au bord du lac Melody et louera à Corky le bungalow juste en face de chez elle. Et c'est là que tout commence réellement...

Sans temps morts, Magic est un film qui réserve son lot de scènes marquantes. L'histoire de cet homme schizophrène, qui sombre peu à peu dans la folie frôle parfois même le surnaturel. On tient là, incontestablement, un film qui file le grand frisson !



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